Leonardo Jardim : "Je ne suis pas intéressé par le fait de jouer le maintien".

Leonardo Jardim : "Je ne suis pas intéressé par le fait de jouer le maintien".

L'ancien entraîneur de Monaco, Leonardo Jardim, qui vient de quitter le club saoudien d'Al-Hilal avec lequel il a remporté la Ligue des champions asiatique, a reçu l'AFP au Portugal, dans son domaine viticole au bord de la rivière Tua, au cœur du Douro. Il a déclaré être prêt à relever un nouveau défi.

Q : Comment jugez-vous votre expérience à Al-Hilal ?

R : "C'était une période fantastique. D'une part, j'ai eu beaucoup de succès sur le plan sportif et j'ai atteint la demi-finale de la Coupe du monde des clubs contre Chelsea (défaite 1-0). D'autre part, j'ai aimé ce pays et mon histoire avec Riyad. De plus, le club et moi continuons à entretenir de bonnes relations. Je me suis adapté à une autre culture et à d'autres comportements".

Q : N'avez-vous pas eu d'offre européenne après Monaco ?

R : "Si j'avais eu des offres de clubs qui visent des titres, je serais resté en Europe. Mais je le dis clairement : j'aime les objectifs élevés. C'est plus important pour moi que la réputation de la ligue. Depuis que j'ai commencé à jouer en D3 portugaise, je vise le haut du tableau. Ma passion pour le football vient de là".

"J'ai besoin de la pression de devoir gagner chaque week-end. Je la mets sur mon staff et mon groupe. C'est ce qui me plaît".

Q : Est-ce que cela ne vous coupe pas des meilleurs championnats ?

R : "Cet été, j'ai reçu une offre d'un club anglais qui joue en milieu de tableau. Je ne l'ai pas acceptée. Je ne suis pas intéressé par le fait de jouer pour le maintien et cela ne me motive pas. Mon ambition personnelle m'a toujours poussé à ne jamais accepter ce genre de projet. Partout, je suis ouvert au top 6 ou 7, à un projet ambitieux, avec une vraie volonté de s'améliorer et de viser haut. J'ai besoin de la pression de gagner chaque week-end. Je la mets sur mon personnel et sur mon groupe. C'est ce qui me plaît. Je ne cherche pas le confort".

Q : Combien de temps pourriez-vous rester sans club ?

R : "Si je décide de m'engager dans un projet qui ne m'intéresse pas, je fais tout de travers. Je trompe le club et les fans. Je n'aime pas ça. Quand je travaille, je suis à fond et je m'implique à 100 %. Sinon, je préfère rester sans rien. Enfin, sans tout... Je voyage, je regarde beaucoup de matches, je m'occupe de mes affaires personnelles et je profite des moments avec mes proches".

Q : Vous n'avez pas peur d'être oublié ?

R : "C'est un risque. Je l'ai pris toute ma vie. Quand j'ai quitté Madère, je suis sorti de ma zone de confort, avec la volonté d'aller loin dans le football. Je vais de l'avant. En général, les possibilités sont différentes de ce que l'on avait imaginé. Si, pour satisfaire mes ambitions, je dois aller au Japon, aux États-Unis ou en Turquie, pas de problème ! Je reste cohérent. C'est ma personnalité, ma façon de vivre le sport. Je suis un homme du monde. Après le Portugal, la Grèce, la France et l'Arabie saoudite, je veux à tout prix acquérir de nouvelles expériences. Et je peux regarder vers différents continents".

"Devenir entraîneur national serait une nouvelle étape et conclurait aussi mon expérience en club".

Q : Avez-vous prévu la fin de votre carrière ?

R : "J'ai 47 ans. J'ai commencé à 21 ans. Je me donne encore environ cinq ans. Ensuite, je verrai si je peux aspirer à d'autres tâches, par exemple comme entraîneur national ou directeur sportif, sans le travail quotidien sur le terrain. En tant que sélectionneur national, on est très intense pendant de courtes périodes, avec une gestion réactive des joueurs. Et c'est un long travail d'observation et de construction de relations. En France, j'ai échangé avec Didier Deschamps, en Arabie Saoudite avec Hervé Renard. Je parle souvent avec Fernando Santos (Portugal), Carlos Queiroz (Egypte) ou Paulo Bento (Corée du Sud). Devenir sélectionneur national serait une nouvelle étape et conclurait aussi mon expérience en club".

Q : Activez-vous les réseaux d'influence portugais pour trouver un emploi ?

R : "Contrairement à ce que l'on pense, je n'ai que peu de réseaux. Les dernières offres, Al-Hilal ou mon retour à Monaco, ont été transmises directement. Début mars, j'ai reçu une offre de la même manière. J'estime que l'on connaît désormais mon travail. Ceux qui souhaitent mieux me connaître peuvent me contacter. Nous nous rencontrons, nous échangeons. C'est très simple. Personne ne fait de publicité pour moi. Trouver un club de cette manière est plus difficile, mais cela facilite ensuite mon travail. Tu peux t'exprimer clairement vis-à-vis des joueurs. Tu suis au mieux les intérêts de l'équipe et du club. Sans les jeux de pouvoir internes d'un club. Moi-même, je n'ai de dette envers personne. C'est ma force".