Pinot : "Je me nourris de mes échecs".

Pinot : "Je me nourris de mes échecs".

Les mots sont de Marc Madiot : "C'est du Pinot pur, c'est un coureur très particulier qui suscite beaucoup d'émotions et qui ne laisse pas indifférent. Ces victoires sont toujours particulières, c'est pour cela qu'il y a cette communion avec le public". Ce vendredi, Thibaut Pinot a fait chavirer de bonheur l'équipe Groupama-FDJ. Ce n'était certes "que" la cinquième étape du Tour des Alpes, mais pour le Français de Franche-Comté, c'était l'exploit de la délivrance.

Il n'avait plus gagné depuis le Tour de France 2019 et son succès sur les pentes du Tourmalet. Et depuis, Pinot a passé deux mauvaises années, avec des chutes, des douleurs physiques, un moral en berne et parfois même l'envie de tout plaquer et de prendre sa retraite. Mais le grimpeur de Mélisey n'a jamais baissé les bras, même sur le Tour des Alpes, où il était en petite forme en début de semaine et où il était si proche de la victoire jeudi. Ses larmes en disaient long sur sa détresse.

Moins de 24 heures plus tard, Pinot reprenait donc le combat. Malgré les efforts de la veille et le très mauvais temps, le Francfortois s'est à nouveau glissé dans l'échappée. Aujourd'hui, j'avais la rage", a-t-il déclaré à la chaîne de télévision L'Equipe. Ce matin, j'avais le couteau entre les dents, même s'il pleuvait. Je voulais ça. J'avais les jambes. C'est un grand soulagement. Hier, ça m'a peut-être fait du bien de voir que j'étais capable de reprendre des courses. Mais aujourd'hui, ce n'était pas facile. J'ai tout fait avec un rayon cassé, les vitesses ne pouvaient plus être passées avant la dernière montée. C'était du stress pendant toute l'étape...".

Du stress et un beau duel avec David De La Cruz, le grimpeur d'Astana. Pinot avait lâché l'Espagnol dans la dernière grande ascension du jour, le Stronach. Mais De La Cruz est revenu sur lui dans la descente, obligeant Pinot à repartir de zéro. Sur la rampe finale, le Français a porté le coup de grâce et s'est imposé avec le cœur et le courage.

C'est ma spécialité, je rebondis très vite", explique-t-il. Je me nourris de mes échecs. J'ai été dépassé. J'ai été de toutes les échappées ce matin. Sur une telle étape, rien n'aurait pu m'arriver. Peu importe que je termine seul ou que cela se termine au sprint, l'essentiel est que je gagne, même si je ne me sens pas très en sécurité sous la pluie, dix jours après ma chute sur le Circuit de la Sarthe. Maintenant, on va arrêter de me parler de ces plus de 1000 jours sans victoire et de la dernière au Tourmalet...".

Et la suite ? Le Tour de Romandie la semaine prochaine. Puis bien sûr le Tour de France en été. Il est trop tôt pour annoncer que Pinot est revenu à son niveau de 2019, cette année où il a cru plus que jamais à la victoire sur la Grande Boucle avant d'être rattrapé par la malchance. Mais désormais, le grimpeur de Mélisey sait qu'il aura à nouveau son mot à dire dès que la route s'élèvera.