J.Vendroux : "Le Variétés est un rêve devenu réalité".

J.Vendroux : "Le Variétés est un rêve devenu réalité".

Jacques Vendroux, qui dirige le Variétés Club de France depuis 1971, a fêté l'année dernière les 50 ans de ce club très particulier, où tous les grands du football sont passés et ont vécu des moments inoubliables, toujours dans un but humanitaire. Une "grande aventure" que le manager emblématique

Jacques Vendroux, comment est né le livre "La grande aventure du Variétés Club de France" (Marabout Editions, 29,90 €) ?
Le Variétés Club de France a cinquante ans, il fallait donc laisser quelque chose. Yannick Noah m'a donné l'idée de faire un livre et m'a beaucoup aidé. Nous avons donc fait un résumé de ces cinquante années. Franck Mesnel, qui était capitaine du Racing Club de France et qui avait été en finale du championnat de France, avait fait un livre sur l'épopée des joueurs avec un nœud papillon, etc. Le livre était magnifique, il me l'a envoyé et m'a encouragé à le faire. C'est Yannick qui m'a donné l'idée. Il faut le lire, c'est une aventure formidable. Une aventure humaine incroyable, parce que le Variétés Club de France, c'est 90 % d'émotions et seulement 10 % de football. Mon métier, c'était 90 % d'émotions dans mes relations humaines. Pour moi, la plus belle chose dans la vie, c'est d'aimer les gens et d'être aimé.

Le Variétés est une institution qui a sans aucun doute marqué le football français. Dans quelle mesure et de quelle manière pensez-vous que c'est le cas ?
Nous avons tout de même laissé près de six millions d'euros à des œuvres caritatives. Nous ne changerons pas la face du monde, nous ne sommes pas les personnes les plus importantes du monde, mais nous avons fait notre part. Samedi dernier, par exemple, nous avons joué au fin fond de l'Oise pour une petite fille qui avait besoin d'un fauteuil roulant. Nous avons fait jouer le président de la République avec nous le 14 octobre, nous avons été reçus par Jacques Chirac parce que nous avons apporté un peu de bonheur à des gens dans le besoin. Mais je ne suis ni Mannix, ni Eliott Ness, ni Zorro. Et attention : nous le faisons aussi pour nous faire plaisir. Car aller au fin fond de l'Oise... Il fait froid, les douches sont froides, mais c'est un fabuleux moment de bonheur parce qu'on voit qu'on donne un peu de bonheur aux gens. Et puis, la qualité du Variétés Club de France, c'est qu'il ne peut pas nous faire perdre la tête.

Qu'entendez-vous par là ?
J'ai la chance de faire de grandes interviews, de rencontrer des gens importants, et le lendemain vous allez au fin fond de l'Essonne ou de l'Ardèche où il fait froid. Donc vous ne pouvez pas perdre la tête ou devenir fou. La vraie vie vous rattrape toujours.

De plus, les Variétés ont marqué tous les acteurs du football, quels qu'ils soient...
Oui, parce qu'on joue pour des causes caritatives, parce qu'on rit en entrant dans les vestiaires, parce qu'on ne se prend pas au sérieux. Et quand tu as un Platini, un Alain Giresse ou un Didier Deschamps ou un Robert Pires, ils savent que c'est pour une bonne cause, que c'est sain et qu'il n'y a pas de plan derrière. C'est une question d'émotions ! Dans nos relations humaines avec tous les membres de l'association, il y a une immense émotion. Pour moi, c'est le plus important.

"Thierry Roland, je pense à lui tous les jours"


Racontez-nous. Quand vous avez décidé de créer les Variétés en 1971, comment cela s'est-il passé ? Sur un coin de table ?
Oui, sur un coin de table. On jouait dans des clubs civils, on était de jeunes journalistes avec (Michel) Denisot, (Michel) Drucker et Michel Dhrey et on s'est dit qu'on ne pouvait plus jouer le dimanche parce qu'on travaillait beaucoup. Nous avons donc créé notre propre équipe de football. Un ami d'un ami d'un ami nous a prêté un stade qui s'appelait le Stade de la Porte de la Plaine. Nous y avons joué. Ensuite, nous avons dû trouver deux ou trois amis. J'avais trouvé un commissaire de police et un pompiste. Il y avait Georges Chelon et Romuald, qui étaient des chanteurs connus dans les années 70, il y avait Alain Gottvallès, l'ancien recordman du monde du 100 mètres en nage libre. Et quelqu'un a dit - je crois que c'était Chelon - "quelle diversité de métiers". Et nous avons créé le Variétés Club de France parce que nous étions déjà fous à l'époque. Et nous sommes toujours fous et inconscients.

En tant que neveu du général De Gaulle, l'inauguration du stade Charles-de-Gaulle à Colombey-les-deux Eglises est-elle pour vous un de vos meilleurs souvenirs ?
C'est un moment très important, oui. Imaginez un peu : Nous avons inauguré le stade Charles-de-Gaulle. Il n'y en avait pas en France. Nous sommes aussi allés au Groenland, en Mongolie et à Wallis-et-Futuna. Nous avons aussi joué un match pour Thierry Roland, nous sommes allés au Vatican, où Benoît XVI nous a pardonné tous nos péchés. Et tout ça, mélangé à l'émotion.

Et avec les Zidane, Noah, Larqué ou autres Platini qui vous accompagneront tout au long de l'histoire et laisseront une trace indélébile...
Oui, et Jean-Michel Larqué a joué son dernier match le 14 octobre avec le président de la République. Il a joué deux minutes, à 70 ans ! Il m'a fait plaisir. Il a joué le match, il a joué deux ou trois minutes, et le président lui a rendu hommage. Les Variétés, c'est tout : que des histoires de cœur, que des affectations. En ce moment, je suis en contact avec Alain Pompidou pour l'inauguration du stade Georges-Pompidou à Orvilliers. Ce sont des coups de cœur que nous essayons de médiatiser au maximum, car il faut que cela se sache.

Vous avez fait un coup monstrueux l'année dernière avec les débuts d'Emmanuel Macron en personne sous le maillot des Variétés...
(Il coupe) Cela a été deux ans de travail avec des gens très compréhensifs à l'Elysée. Je suis tombé sur des gens qui m'ont beaucoup aidé, ce n'est pas un caprice vendrouesque (sic). De plus, il se trouve que je connais bien le président et qu'il était totalement ouvert d'esprit. Quand il avait été élu, il m'avait promis de venir faire un match avec les Variétés. Il a tenu parole.

"Le président était fier d'avoir transformé son penalty"


Comment était-il ce jour-là ?
Il est entré dans les vestiaires et on aurait dit qu'il connaissait tout le monde depuis 20 ans. Il était très à l'aise, il ne nous a pas mis mal à l'aise, Brigitte (Macron) est venue, c'était un grand moment de bonheur. Et puis c'est un bon joueur de division d'honneur, il n'y a pas de problème. Nous n'avons pas été gênés par sa présence. Il a fait en sorte que tout le monde se sente à l'aise, tout le monde le tutoyait, l'appelait "Emmanuel". Surtout, nous étions très heureux de ce moment partagé. Et quand il a marqué le penalty, tout le monde est venu le féliciter parce qu'on sait que le président est content et fier d'avoir marqué le penalty. Et je vous le dis : Il jouera à nouveau avec nous, président ou pas président. Il s'est bien amusé.

Vous vous rendez compte de ce que vous obtenez ?
C'est un club qui sort tout simplement des sentiers battus. Et il a 50 ans. Nous avons maintenant 2400 matches. Cela tient la route. Je n'y ai pas cru une seconde quand nous avons créé les Variétés. Tout comme je n'ai pas cru une seconde que je resterais 55 ans à Radio France et que je poursuivrais ma carrière à Europe. Ce sont des défis auxquels on ne peut pas croire au début. En 1971, je ne peux pas croire une seconde que cela va durer cinquante ans. Même chose quand j'entre à Radio France à l'ORTF en 1966 : Je ne peux pas croire que cela va durer cinquante-cinq ans. Ni qu'un jour l'Europe souhaiterait me voir arriver. Ce sont des rêves qui se sont transformés en réalité.

Votre carrière est incroyable...
(Il rit) Je m'amuse bien. Si je ne m'amusais pas, je serais parti depuis longtemps.

Pourtant, vous avez perdu quelques personnes sur votre route. On pense notamment au regretté Louis Nicollin...
Oui, c'est Louis Nicollin, c'est Thierry Roland, beaucoup de gens sont partis. Il y a aussi Léon Schwartzenberg, qui nous a aussi beaucoup apporté. On pense souvent à eux. Thierry, je pense à lui tous les jours, Louis et Léon Schwartzenberg aussi. Il a été notre président d'honneur pendant des années et ensuite il est entré au conseil d'administration. Ce sont des types formidables, des gens formidables. Ce sont des personnes fantastiques et je suis heureux de les avoir rencontrées. Car des gens qui ne pensent pas qu'à leur propre gueule, il y en a de moins en moins. De nos jours, les gens ne pensent qu'à leur gueule, à leur carrière et sont courtisés.

Comment décidez-vous si un nouveau venu doit entrer aux Variétés ou non ?
Il doit être parrainé par trois membres du conseil d'administration. Mais ensuite, on le sent. En ce moment, Yohan Cabaye vient d'entrer, c'est un super gars. Ludovic Obraniak ne vient pas souvent parce qu'il est entraîneur au Touquet, mais c'est aussi un mec super. Les échecs ont été rares. Y a-t-il des regrets à avoir ? Aucun, rien du tout. Il ne faut en aucun cas avoir des regrets. Si c'était à refaire, je referais exactement la même chose.

"Je rêve que Mbappé fasse au moins un match pour nous"


Comment décidez-vous d'aligner la grande équipe ?
C'est un peu au hasard, pour ne rien cacher. Pour un match en particulier, nous ferons un effort particulier. Par exemple, en novembre, il y a le centenaire de l'Aviron bayonnais football, on va mettre en place une très grosse équipe autour de Didier Deschamps.

Quels sont les joueurs dont vous rêvez de voir un jour porter le maillot des Variétés ?
Olivier Giroud, (Raphaël) Varane aussi. J'aimerais beaucoup qu'ils finissent leur carrière au Variétés Club de France. (Kylian) Mbappé aussi, bien sûr. Qu'il joue au moins une fois dans sa vie un match pour nous. La vie est un rêve. Le mien en tout cas.

A tel point que vous avez réussi à intégrer votre fils Baptiste dans l'aventure...
Baptiste s'occupe avec moi du Variétés Club de France, il joue. Il est journaliste à La Chaîne L'Equipe et à Amazon. Il s'occupe beaucoup des Variétés avec moi, y compris avec Tom Rocheteau, son ami d'enfance. Je ne sais pas si nous allons leur passer le relais, en tout cas ils sont extrêmement présents.

Qu'en est-il dans ce cas de votre temps de présence.
Cela prend beaucoup de temps, mais c'est une passion.

Un scoop pour les années à venir des Variétés ?
Dès le 23 mars, nous jouerons à Troyes un match pour l'égalité dans le sport et au profit de la Fondation des Femmes (ndlr : le match sera diffusé en direct sur beIN Sports et France 3, avant la diffusion d'un documentaire sur les Variétés Club de France sur beIN Sports). J'espère que nous allons jouer pour les marins du Charles-de-Gaulle. J'en ai déjà parlé avec le président de la République. Cela fait dix ans que je suis là (il rit). On ne sait jamais s'il y a un malentendu.